« Miracle » et désenchantement à Rio, douze ans après la fermeture de la plus grande décharge d’Amérique latine (2024)

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Si la nature reprend ses droits dans le quartier de Jardim Gramacho, des milliers de «recycleurs» ont basculé dans la misère et de nombreuses déchetteries clandestines, contrôlées par des gangs, sont apparues.

ParAnne-Dominique Correa(Rio de Janeiro, correspondance)

Publié le 07 mai 2024 à 01h00, modifié le 10 mai 2024 à 11h13

Temps de Lecture 3 min.

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LETTRE DE RIO DE JANEIRO

«Miracle» et désenchantement à Rio, douze ans après la fermeture de la plus grande décharge d’Amérique latine (1)

«Vous entendez ce bruit? Comme une pluie qui tombe?» Vêtu d’un gilet multipoche, Mario Moscatelli, un biologiste de 59ans, pointe du doigt une flaque d’eau au milieu d’un labyrinthe de racines arc-boutées de palétuviers. «Ce sont des crabes qui filtrent l’eau avec leurs bronches!» Entendant les pas des visiteurs s’approcher, des dizaines de petites carapaces rougeâtres émergent soudainement de l’eau avant de disparaître à nouveau dans des trous creusés dans la boue.

Pour le scientifique, cette scène relève du «miracle»: quand il a commencé à restaurer ces 130 hectares de mangrove à Jardim Gramacho, un quartier dans le nord-ouest de Rio de Janeiro, en1997, personne ne pensait que les arbres pousseraient. Pendant trente-quatreans (entre 1978 et 2012), ce site qui borde la baie de Guanabara a accueilli la plus grande décharge à ciel ouvert d’Amérique latine: quelque 9000 tonnes de déchets provenant de toute la ville y étaient déversées quotidiennement.

La montagne d’ordures, de 60 mètres de haut, étouffait la flore locale et polluait la baie de Guanabara. Le 3juin2012, dix jours avant la tenue à Rio de Janeiro du sommet des Nations unies sur le développement durable, Eduardo Paes, le maire de la ville – il est de retour aux affaires depuis 2021 –, avait finalement décidé de mettre fin à ce «crime environnemental». La décharge a ainsiété définitivement fermée.

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Depuis, la nature revit. «Les arbres poussent à toute vitesse!», se réjouit M. Moscatelli, levant les yeux vers les cimes de la mangrove qui culmine à 9 mètres de haut. Le feuillage touffu et les racines rebelles des palétuviersoffrent un nouvel habitat à de nombreuses espèces. Outre les crabes, des empreintes sur la boue témoignent du passage de hérons. Profitant de la marée basse, des petit* oiseaux bruns appelés «maçarico» font une halte sur la berge du marécage avant de reprendre leur envol vers d’autres contrées.

Promesses non tenues

La bataille pour la restauration des lieux n’est pas gagnée pour autant. En témoigne un nuage de fumée grise qui s’élève à une centaine de mètres à peine du site de l’ancienne décharge. «Ce sont des dépôts qui brûlent des ordures», s’inquiète M. Moscatelli.Suite à la fermeture du «lixao» (la «grande poubelle») de Jardim Gramacho, de nombreuses déchetteries clandestines sont apparues dans le bidonville qui l’entoure.

Les quelque 20000 catadores («recycleurs de déchets») qui vivaient jusqu’alors de la collecte et du tri des déchets de la décharge ont sombré dans la misère.En2012, la mairie leur avait promis 14000 reais (environ 2560euros) d’indemnisation et l’accès à des formations pour une reconversion professionnelle. Mais seuls ceux ayant un emploi formel – soit 1700 personnes – en ont bénéficié. Faute d’alternative, ils sont nombreux à avoirrepris leurs activités de façon illicite sous le commandement des gangs de narcotrafiquants qui contrôlent la favela («bidonville»), dont les ruelles au sol poussiéreux empestent les déchets et le plastique brûlé.

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